Le 10 juillet 2024, Ian Feukeu Agokeng, un jeune athlète de 19 ans en bonne santé, jouait au basketball lorsqu’il a subitement été victime d’un arrêt cardiorespiratoire. Malgré une initiation rapide des manœuvres de réanimation cardiorespiratoire (RCR), il n’a pas bénéficié de l’utilisation précoce d’un défibrillateur externe automatisé (DEA) puisqu’aucun appareil n’était disponible au gymnase où l’incident a eu lieu. Malheureusement, il est décédé à l’hôpital.
Dans son rapport concernant ce décès tragique, le coroner Me Dave Kimpton recommande entre autres « que le ministère de la Santé et des Services sociaux fasse les démarches nécessaires visant l’adoption d’un projet de loi encadrant l’accès public aux défibrillateurs externes automatisés (DEA), ainsi que leur enregistrement, en veillant à les rendre obligatoires notamment dans les établissements récréatifs et sportifs privés ».
Le 22 mai dernier, le vérificateur général du Québec a publié un rapport concluant que « la moitié de la population du Québec n’a pas accès à un service de premiers répondants, et 45 % des interventions très urgentes des ambulanciers auprès de cette population ont un temps de réponse de plus de 10 minutes ». Or, sans RCR ou utilisation d’un DEA, les chances de survie après 10 minutes d’arrêt cardiorespiratoire sont inférieures à 5%.
La Fondation Jacques-de Champlain, dont la mission est d’augmenter le taux de survie des victimes d’un arrêt cardiaque en optimisant l’accès et l’utilisation des DEA, milite pour une loi sur l’accès public à la défibrillation depuis nombreuses années. Cette semaine, François de Champlain, Jean-Philippe LaRose et Eddy Afram ont pris parole dans les médias pour souligner la position de la Fondation sur cet enjeu. Au total, la position de la Fondation a été citée à plus de 60 reprises dans divers médias. La Fondation réitère l’importance capitale de l’adoption d’une loi qui encadrerait le déploiement et la disponibilité des DEA publics afin de les rendre davantage disponibles lors d’arrêts cardiorespiratoires.
« On compte environ 10 000 arrêts respiratoires par année au Québec, et environ 1500 arrivent dans des lieux publics devant des témoins. Des défibrillateurs, on devrait en voir aussi souvent que des extincteurs », Dr François de Champlain, président de la Fondation, en entrevue avec La Presse.
Une étude publiée en 2021 démontrait que le nombre de DEA publics enregistrés per capita était faible au Québec (27 DEA/10 000 habitants), qui se situait d’ailleurs au 8e rang des provinces canadiennes, loin derrière le Manitoba (324 DEA/10 000 habitants) qui a une loi qui encadre la disponibilité obligatoire de DEA dans les lieux publics.
La Fondation a créé un registre provincial des DEA publics en 2015. Le registre compte actuellement près de 10 000 DEA inscrits. Les données du registre sont accessibles sur l’application mobile gratuite DEA-Québec, disponible sur les appareils Apple et Android, et sont partagées avec certaines centrales de communication santé 911. Pour l’instant, l’inscription au registre est volontaire.
« Les données du 911 permettent de dire aux secouristes où se trouve le DEA le plus proche. En ce moment, l’enregistrement est purement volontaire, donc l’obligation de tous les enregistrer serait un énorme avantage », Eddy Afram, directeur du programme d’accès public à la défibrillation de la Fondation, en entrevue avec le Quotidien.
La Fondation Jacques-de Champlain salue le déploiement de 450 DEA additionnels sur le territoire québécois par le gouvernement provincial cet été. Nonobstant cette avancée, la Fondation invite le gouvernement du Québec à adopter une loi sur l’accès public à la défibrillation tel que prévu dans son Plan d’action gouvernemental du système préhospitalier d’urgence 2023-2028, une stratégie que la Fondation estime pourrait éviter 5000 morts subites par an au Québec.
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Jean-Philippe LaRose
Membre du conseil d’administration et porte-parole
Fondation Jacques-de Champlain
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